Il est constitué de six hommes et femmes de lettres, le panel final duquel le jury présidé par Were Were Liking devra désigner le vainqueur 2022. Quelles sont les chances de chacun d’entre eux de sortir de l’enveloppe finale ? Présentation des œuvres et de leur auteur.e…

 

S’il y a une particularité du panel final du Prix Ivoire cette année, ce sera bien la diversité, tant en terme d’origine géographique, que de genre des auteur.e.s sélectionné.es. En effet, l’Afrique insulaire s’est adjugée une place de choix, avec notamment la doyenne de cette édition, Michèle Rakotoson (Madagascar) avec son roman Ambatomanga – Le silence et la douleur (Atelier des nomades, 2022). Cette fresque lève un pan de voile non seulement sur la douleur qu’aura été l’invasion de son pays par la puissance coloniale au XIXe siècle, mais aussi sur la bravoure d’un peuple qui aura lutté jusqu’au bout pour sa liberté.

La Mauricienne Davina Ittoo pour sa part apporte une touche féminine, sinon féministe au casting, en dévoilant dans Lorsque les cerfs-volants se mettront à crier (Project’îles, 2021) les vicissitudes sociales endurées par la femme de l’Océan indien. Prise entre mariage forcé, violences conjugales, machisme sournois, elle n’aspire qu’à un seul idéal dans son paradis perdu, la liberté ! Dans son langage à la fois violent et poétique, Ittoo le suggère si bien… Cette thématique est quasiment partagée par Djaili Amadou Amal, qui, originaire du sahel camerounais se fait la porte-voix de la classe féminine précarisée de son pays de naissance. Le roman Cœur du Sahel (Emmanuel Collas, 2022). de celle qui a été récemment reçu le Goncourt des lycées en France, traduit assez bien ce mal-être.

Avec Nétonon Noël Ndjékéry, nous demeurons dans la zone sahélienne africaine, plus précisément au Tchad. Le romancier nous invite dans Il n’y a pas d’arc-en-ciel au paradis (Hélice Hélas, 2022), à faire un voyage rétrospectif dans le passé esclavagiste et colonial de son pays. L’histoire étant un serpent qui se mord la queue, il prolonge l’intrigue en peignant les autres formes d’exploitation et d’asservissement de son peuple, que sont notamment le néo-colonialisme ou le mouvement insurrectionnel Boko Haram. Bien souvent, l’exil est la seule issue pour échapper à ces réalités à la fois oppressantes et sordides.

C’est la vision que partage le Sénégalais Khalil Diallo dans son second roman L’Odyssée des oubliés (Emmanuel Collas, 2021). Il plonge le lecteur dans le parcours de milliers de jeunes africains en soif de l’ailleurs et de ses illusions. Bien entendu, le parcours se transforme rapidement en calvaire, car il les mène très souvent ces braves africains vers les sentiers de leur perte. Samy Tchak pour finir, dans Le Continent du Tout et du presque Rien (J.C. Lattès, 2021), brosse le voyage (initiatique ?) d’un sociologue français dans les méandres de la richesse traditionnelle togolaise. Parfois décrit comme une prose philosophique, ce roman permet à Samy Tchak de rappeler que l’Afrique qui émergera, ce sera l’Afrique que les Africains eux-mêmes auront façonnée.

Pour rappel, organisé par l’association Akwaba Culture, le Prix Ivoire pour la Littérature Francophone d’Expression Francophone prime depuis 2008 un.e auteur.e africain.e qui se sera distingué.e par la qualité de son œuvre, et la mise en relief du continent africain face au monde. L’édition précédente a été remportée par Blaise Ndala avec son roman Dans le ventre du Congo.

 

Michel Dongmo Evina

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