Chaque fois qu’elle prend la parole, elle dit que son histoire avec l’écriture a commencé dans sa famille : les chants, les paroles et la bienveillance des femmes qui l’ont grandi, surtout de sa mère et de grand-mère. En 2017, j’ai assisté à une de ses conférences à Abeokuta au Nigéria, et elle a dit une parole qui ne m’a pas quitté :  » Everybody’s mother is always lovely but mine was just wonderful ! ».

Dans ses livres, Ama Ata Aidoo tente de rendre cet amour bienveillant qui fait d’elle une femme qui inspire le monde. Les critiques provocatrices, très souvent occidentales toujours lui demandent si elle est féministe, et elle répond oui, mais insiste vite pour définir ce qu’est le féminisme pour elle: le fait de créer des facilités pour que les femmes arrivent à atteindre leur plein potentiel (highest possible level, infini donc).

L’écriture de Ama Ata Aidoo est aussi évocation de la mémoire coloniale et même esclavagiste. Et si elle est si connue en Afrique, c’est aussi parce qu’elle s’est souvent exprimée sur les questions qui dérangent la politique occidentale en Afrique. Selon elle, l’aide au développement est un cadeau empoisonné, la politique coloniale du monde occidental continue d’exploiter l’Afrique même si les gouvernements africains n’y sont pas pour rien.

L’écrivaine Ama Ata Aidoo vivait au Ghana. Elle est décédée hier à 81 ans, à la suite d’une courte maladie – a indiqué sa famille. Depuis plusieurs décennies, Ama Ata Aidoo était devenue tout un symbole pour la littérature. Dans son pays et ailleurs, ses œuvres sont largement lues et enseignées. Ama Ata Aidoo a connu un grand succès en Afrique et a été célébrée à diverses occasions à travers des projets africains. C’est donc une grande écrivaine qui nous quitte en ce milieu d’année, après environ 60 ans de carrière.

Témoignage de Djimeli Raoul

 

 

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