Le géographe camerounais Jean Louis Dongmo est décédé jeudi le 28 octobre 2021. Si la communauté scientifique des géographes africains le connaissait comme un grand spécialiste de la Géographie du pays Bamiléké à l’ouest du Cameroun, Jean-Louis Dongmo était surtout connu par les Camerounais et des jeunes de l’Afrique francophone comme un poète.

Un poète camerounais découvert par Lylian Kesteloot

En 1971, Lylian Kesteloot fait paraître aux éditions CLE à Yaoundé, une anthologie regroupant des poètes du Cameroun. Dans le collectif Neuf poètes Camerounais, Jean-Louis Dongmo signe alors le poème « Village Natal », qui est ensuite reprit dans Les Champions en Français CE2, un manuel scolaire longtemps resté dans les programmes de l’enseignement primaire au Cameroun.  C’est ainsi qu’à travers les pays d’Afrique où le manuel de lecture de la collection Les Champions, qui au Cameroun était coéditée par CLE et par EDICEF, Jean Louis Dongmo a été enseigné comme poète. Au début des années 2000 au Cameroun, la collection Les Champions a été remplacée par d’autres collections.

« Village Natal, poème de notre enfance »

Si les jeunes camerounais nés après les années 2000 ne connaissent pas Jean-Louis Dongmo, leurs aînés reconnaissent avoir récité le poème « Village Natal » devenu un classique. Depuis l’annonce du décès de Jean-Louis Dongmo, sur la toile, les anciens élèves s’en souviennent :

Ce poème a littéralement bercé mon enfance, comme pour bien d’autres gosses. Nous le récitions comme une chanson !

déclare Nguelifack Vijilin sur le réseau social facebook. D’autres internautes qui avaient lu le poème ou l’avaient chanté ne découvrent l’auteur qu’à sa mort :

 Je découvre l’homme à sa mort, malheureusement. Il a fallu qu’il ne soit plus de ce monde pour que je découvre qu’il était l’auteur de ce magnifique poème!

écrit Steph Stephen sur le même réseau.

Jean-Louis Dongmo, poète d’une génération

Jean-Louis Dongmo n’était pas connu qu’au Cameroun. Son texte « Village Natal » a en effet été lu par les générations de jeunes à travers l’Afrique. Gilles Vianney Fanouvi, jeune togolais, n’a pas oublié ce poème qui a bercé son enfance :

 Vraiment, ce poème faisait partie de ce qu’on eut appelait « la récitation » au cours primaires. Que de souvenirs avec ce texte !

En 2014, le poète togolais David Kpelly rendait déjà un hommage à ce poète lu à l’école et qui continue d’habiter sa mémoire. « Jean Louis Dongmo : trésor enfoui dans ma mémoire. Par un grand hasard, sur Internet, vous tombez, un soir, sur un nom, JEAN LOUIS DONGMO, un nom que vous vous rappelez avoir très bien connu, avoir prononcé plusieurs fois dans le passé. Et vous viennent à l’esprit ces vers que vous aimiez tant, élève à l’école primaire et poète débutant :

 » Ici, je suis chez moi

je suis vraiment chez moi

les hommes que je vois

les femmes que je croise

m’appellent leur fils

et les enfants leur frère… »

Pr Jean-Louis Dongmo et le Dr Metangmo de Bafou à l’occasion des funérailles Bamiléké.

Un universitaire respecté

Son ouvrage Le Dynamisme Bamiléké, inspiré de sa thèse de troisième cycle et publié en 1981 a fait de lui un géographe de renom. Sa carrière d’universitaire l’a baladé à travers les universités camerounaises où il occupait des postes de responsabilité. A l’Université de  Yaoundé 1, il y a été doyen pendant 10 ans, de 1983 à 1993. Entre 1993 et 2003, il aura été le tout premier doyen de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l’Université de N’Gaoundéré avant d’être nommé Recteur de l’Université de Dschang entre 2003 et 2005. D’après certaines sources, c’est grâce à Jean Louis Dongmo que l’Université de Dschang a ouvert son école doctorale.

Jean Louis Dongmo et le destin des classiques

Jean Louis Dongmo est né dans le groupement Bafou, situé dans la Menoua, à l’Ouest du Cameroun. Il avait publié chez CEPER au Cameroun en 1986, le recueil de poème Œufs d’arc-en-ciel dans lequel figure son poème devenu légendaire. Son décès à l’âge de 76 ans et le silence qui a entouré sa production poétique connue pourtant dans divers pays d’Afrique francophone illustre à suffisance le sort réservé aux  classiques littéraires  africains aujourd’hui.


Djimeli Raoul

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