Tel un geste visant à se faire soi-même une prise de photo, Selfie est un voyage rétrospectif dans la vie de quatre jeunes lycéennes dont les intrigues et les instants de vies, choisis ici, nous rappellent à tous nos années d’insouciance au lycée. À travers les souvenirs de la narratrice, l’on revit avec beaucoup d’envie ses années vraies de notre existence.

Nos premiers coups de foudres, béguins, nos camaraderies, complicités et aussi nos veuleries dans des situations (d’amoureux (euse) éconduit (e)) qu’elle décrit avec un excellent réalisme sont autant d’instants qui nous rappellent ces années bonheurs.  Certains, peut-être plus que d’autres, se rappelleront de ces situations maladroites  où il a fallu déclarer sa flamme juvénile à une camarade blagueuse qui ne faisait rien que vous embarrasser plus dans votre démarche osée. Consciente de leur supériorité, tout comme Alice, elle nous faisait baver :

« …on menait la vie dur aux garçons qui osaient s’intéresser à nous. Alice, elle n’y allait pas de main morte, elle avait de ces réparties ! Chaque fois qu’elle devait parler avec un de ses prétendants, c’était une séance de rire en perspective, surtout si ce dernier ne correspondait pas à nos critères de choix. Elle se tenait droit et ne répondait que par  des « oui » ou des « non » et le pauvre gars qui avait déjà épuisé tout son courage pour l’aborder commençait à bafouiller. »

À travers ces cinq tableaux, Nana Tecla nous plonge dans nos souvenirs indélébiles d’ado lycéen. Ils sont des instants précieux qui nous volent toujours un sourire quand on vient à s’en rappeler. D’ailleurs, c’est un récit à la façon d’un spectacle qui donne à sourire et à rire, qui pousse à penser et à rêver, qui dit de manière simple les choses de notre adolescence comme dans une exposition théâtrale avec l’enceinte scolaire comme espace de mouvance de cet instant de notre vie. Des souvenirs d’adolescent, ici contés avec panache, nous rappellent les bienfaits de l’insouciance, la vertu de l’innocente qui se reflète dans un style narratif simple, avec l’argot comme affirmation de cette innocence.

Que dire de notre esprit taquin envers nos camardes et nos encadreurs? Faudrait-il se rappeler de nos petits surnoms secrets distribués ci et là à nos camarades. Les profs, ah ! ce beau métier jamais à l’abris du regard inquisiteur de la moindre infraction langagière et vestimentaire, de la part des jeunes gens. Ainsi, Selfie nous rappelle avec nostalgie que ces petits pseudonymes, attribués à nos profs n’étaient rien d’autre que l’expression de l’affection que nous leur portions, et que qu’on le leur porte toujours.

Selfie C’est aussi un témoignage fait par cette jeune fille Béa qui nous livre l’intimité profonde  de ses sentiments. Ses amourettes, ses vrais-faux amours, ses soucis de santé, ses découvertes et sa liberté d’esprit.  C’est son histoire à elle, Alice, Agnès et Kékéli qui est la nôtre par ricochet. A travers son « je » répétitif, lire Selfie c’est lire notre propre histoire d’adolescent lycéen ; arpentant les couloirs de nos établissements à la construction de notre identité.

 

                          Nana Tecla, Selfie

                   Éditions Awoudy, 2017

                                     82 pages


Njipendi Daouda

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