Marcel Kemadjou Njanke qui vit et écrit à Douala est une figure importante de la littérature émergente de l’Afrique aujourd’hui. Son œuvre a été consacrée en 2014, à l’Université de Dschang par un colloque qui est revenu sur sa carrière, son engagement, et sur l’art du Racontage dont il est l’initiateur, avec plusieurs livres publiés dans le genre.

Après avoir longtemps écrit et publié dans plusieurs  genres  classiques,  l’écrivain Marcel  Kemadjou  Njanke  s’est  illustré dans  l’univers  de  la  littérature  africaine par un livre audacieux, Dieu n’a pas besoin  de  ce  mensonge, (Ifrikiya,  2009.) Quelques  années  après,  il  publiait  Les femmes mariées mangent déjà le gésier ( Ifrikiya, 2013) qui connut un plus grand écho  et  dans  lequel  il  théorisait  enfin  le genre  de  Racontages,  qu’il  pratiquait depuis plusieurs années.

 Le  racontage  implique  l’usage  d’une langue, au carrefour de la langue apprise à  l’école,  de  la  langue  acquise  à  la naissance,  et  de  la  langue  intermédiaire inventée  par  l’esprit  pour  pouvoir communiquer  avec  l’autre.  La  langue  du racontage  n’est  donc  pas,  dans   le  cas qui nous concerne,   le français tout court. C’est le français multipliée par le nombre de souffle humains qui l’habitent plus ou moins  une  langue  locale,  ainsi  que  les différents  pidgins  des  lieux  qui l’expriment.

Kemadjou Njanke.

Le Raconteur de Makea  a  choisi   de classer dorénavant son œuvre fictionnelle dans le  genre  nouveau  de Racontages.  Plusieurs autres  textes  ont  ainsi été  classés  dans  ce genre  dont  l’usage  de la  langue  française localement  bâtie,  mais dans  la  profondeur  des coutumes et des mœurs africaines  et  le  souffle des  individus  en  est  la spécificité. Les Racpontages sont un combat. Un  engagement  certain  et  vrai,  pour  un homme  de  culture  attentif  aux  moindres mouvements  de son  époque.

Les Racontages  offrent  à  aimer  et  à  penser

Dans le premier, Dieu n’a pas besoin de ce  mensonge,  raconté  dans  une  fausse naïveté par Ahmira, on découvre l’univers triste  et  coloré  du  mariage  forcé ? Arrangé ?  bref,  de  l’Afrique  qui  tente  de s’accrocher au wagon d’une caravane qui s’envole  vers  un  destin  inconnu,  et  des  religions  qui  l’entrainent  dans  une  danse qu’elle  ne  connaît  pas  et  que  ses  sens rebutent.  Le deuxième recueil de Racontages est titré par la parole populaire : Les femmes mariées mangent déjà  le  gésier.  Même  si  la  femme  est  au centre  de  ces  chants  de  réflexions de passions,  on découvre la même écriture du monde qui  change, et le désir de l’auteur d’inscrire l’Afrique

contemporaine,  avec  ses  voix  et  ses souffles  dans  la  mouvance  culturelle   et idéologique  du  siècle.

Les  Racontages  sont surtout des paroles poétiques puisées dans  la  profondeur  des  traditions  et  des mœurs   ancestrales  de  l’Afrique.

« Ton couscous  est  dans  ta  main,  ta  sauce  est dans ta main »,

« Il n’y a pas de petit chef de famille »,  encore  « Là où le roi va seul et à pied » en sont les titres de quelques textes.

Le lecteur des Racontages de Kemadjou Njanke  sera emporté par la touche  d’humour  qui  embrase  les textes :  d’ailleurs,  Madame  fait-divers, nous raconte dans son Racontage de  Dieu n’a pas besoin de ce mensonge, que « La vie  est  un  gros  rire  qui  n’a  jamais commencé  et  qui  ne  finira  jamais …le soleil rit, la nuit rit, le quartier Makéa rit. Tant  pis  pour  celui  qui  garde  son  rire dans son ventre sous prétextes qu’il a des problèmes»

Kemadjou Njanke a publié   Dieu habite à Bangoulap aux éditions  Livre  ouvert, en   2016. Une grande œuvre qui pose  une réflexion  plutôt  spirituelle  sur  la  vie  et l’existence. «   Quel est le but de la vie ?» La  question  est  posée  en  mémoire  de Takounga,  le  grand  sage  mythique  de  la  légende   Bangoulap.

Les  racontages  sont  ici des  questionnements  qui,  sans  se  séparer de  l’Afrique  originelle,  confrontent  la pensée  à la  poésie,  à  la  philosophie,  et  à  d’autres mouvements de l’âme. C’est aussi un voyage,  à  travers  les  villes  et  les villages du Cameroun. Les derniers Racontages de Marcel Kemadjou Njanke, Les hommes ne savent plus draguer ( Livre ouvert 2018) et ses poèmes et Roasted poems ( Livre ouvert, 2019) vont vous émouvoir !

Le FESTAE 2020 lui rend hommage !

WELCOME TO #Festae 2020 !

Une pensée sur “Le Festae 2020 va aux sources des Racontages”

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