Pour son quatrième festival littéraire qui se tient dans les villes Dschang, Bafoussam et Foumban à l’ouest du Cameroun, le CLIJEC rend un hommage à l’écrivain et philosophe camerounais Daniel Tongning. Daouda Njipendi, membre du Comité d’organisation de l’African Festival Of Emerging Writers, FESTAE 2019, nous dresse le portrait d’un homme dont l’humanisme a conquis l’univers de la littérature camerounaise.

 

Dans un élan énergétique, passionné et surtout plein de vie et d’éloges,  Fadimatou Ndiaye (APEF)   dit de Daniel Tongning qu’il est un  « spécialiste des questions sociétales dans leur dimension ethnosociologique,[qu’il] traite des thèmes qui ont une grande importance dans la vie de l’individu. » Parlant de ses ouvres, elle déclare : « Dans tous ses ouvrages, ce généreux homme met toute son énergie à trouver des formules qui permettent de concilier le cœur et l’esprit pour une paix intérieure et extérieure de l’être humain. Cette paix constitue un des piliers de l’épanouissement global de l’individu ».

Cette éloge, aussi clairvoyant qu’intriguant nous met face à la difficulté de catégoriser celui donc nous vous invitons à la découverte. Un coup d’œil rapide sur sa bibliographie nous pousse à nous demander s’il est poète, romancier ou philosophe ? Difficile à dire.

Daniel Tongning est un écrivain camerounais né en 1953 à Baleveng, en pays Bamiléké dans l’Ouest Cameroun. Très jeune, il entre à l’école protestante de Ndzah où il fait ses études primaires, puis des études secondaires à Dschang et à N’Nkongsamba.  En septembre 76, il débarque à Paris les études supérieures. Diplômé de l’Institut d’Études Politiques de Paris, Daniel Tongning possède également un diplôme troisième cycle des Universités de Paris 1 – Panthéon-Sorbonne et du Conservatoire National des Arts et Métiers en Sciences économiques et sociales, et de l’Université de Paris 13 en sociologie.

Sa passion pour l’écriture lui vient tardivement. Mais disons que l’écrivain est habité par le tumulte, lui qui, enfant, régarda la guerre d’indépendance traverser son quartier d’enfance.

Après plusieurs années passées dans l’engagement social, Daniel Tongning fait son entrée dans le monde de l’écriture en 2008 avec une nouvelle intitulée « Et je devins le Petit Soldat » publié par Kazem Shahryari dans un livre collectif intitulé La Courneuve, paru aux éditions L’Harmattan en avril 2008. C’est à la faveur d’un projet d’écriture en atelier  initié par le poète Kazem Shahryari qu’il écrira cette nouvelle.

Mais, en 2005 déjà, Daniel Tongning, avec Madame Dounghagni Jeannette-Momo, auteur de Une veuve et ses filles, publié aux éditions l’Harmattan, s’associent dans un travail d’écriture passionné. Ils travaillent dès 2005 sur la question familiale au Cameroun. Cette passion est aussi une aventure littéraire merveilleuse. En 2007, il rencontre l’éditeur et écrivain Charles Mérigot, auteur de Ledit de la cymbalaire, éditions La Ramonda. Il accepte de participer à un projet de livre que souhaite publier l’éditeur.

Depuis, Daniel Togning écrit. En août 2008, il publie à Paris, un conte philosophique intitulé Mela Ponthy et les Sept sages : Discours sur les causes de l’existence. En avril 2009 paraît Visage des gens du Sud, un roman d’aventure. Vient le tour de Discours poétiques, un recueil de poèmes dans lequel il interroge les manières d’exalter et de glorifier  la vie.  Il publiera  plus tard Le roman des batailles des vertus au Cameroun ; Lettres à mon ami Blanc (2009) ; Une saison dans les montagnes de l’Ouest Cameroun (2011),  Lettres camerounaise (2015). Ses deux derniers livres viennent de Paraître entre Yaoundé et Paris. Une rentée compromise ou l’entrée dans la guerre du Cameroun (2018) et Une vie Sous Seing du Bonheur (2018) sorti aux éditions Ifrikiya, au Cameroun.

Le travail littéraire de Daniel Tongning s’inscrit à la fois dans le présent et dans le passé. C’est une écriture qui suit à la trace les jalons posés par la négritude, sans y être. C’est aussi une écriture qui s’inscrit dans une perspective dualiste car, se situant dans une forme d’ambivalence qui n’est que le résultat de son « entre-deux  culturel », qui le situe à la fois dans l’Afrique profonde de son enfance et  dans le monde occidental où il vit depuis de longues décennies.

Daniel Tongning n’oublie pas ses origines, et surtout sa terre natale, Baleveng. C’est ce qui justifierait le mieux sa thématique à caractère humaniste et humanisant. L’écrivain-philosophe  n’a eu de cesse, dans ses publications, de poser le problème de l’homme dans la société. Avec visage des gens du Sud (2009), il suscite la prise de conscience d’un nécessaire retour aux sources de la civilisation noire africaine, et avec Lettres à mon ami Blanc, il révèle certaines caractéristiques de la culture camerounaise et de la pensée du peuple bamiléké de l’Ouest Cameroun.

Daniel Tongning est un auteur de tous les rebords artistiques. C’est un artiste à l’ambivalence manifeste dans le style…Le caractériser en tant que poète ou romancier, ou encore philosophe c’est lui nier ce talent inné. Disons  que Tongning est un écrivain multidimensionnel qu’il faut savourez avec délectation et sans mesure car, il est un auteur au style fécond et profond.

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