Journaliste dans la vie active, Adovi John-Bosco Adotevi est un écrivain Togolais né le 29 mars 1934. Il est l’auteur de l’ouvrage L’apartheid et la société internationale parue chez NEA à Dakar, Abidjan et Momé,  en 1978. J’ai lu son autre livre, Sacrilège à Mandali : un roman publié en 1982 aux éditions Clé, à Yaoundé au Cameroun. Avec ce roman de 177 pages, l’auteur nous promène dans divers milieux où la politique rencontre la religion, l’amour, l’intérêt…

 Le jeune homme qui voulait servir l’église

C’est l’histoire du jeune Ernest Koffi Viwatonou, étudiant très passionné de Sciences, inscrit en année de Maitrise. Il se découvre une passion tardive pour la prêtrise et fait part de ses intentions au père Miotodjo qui va l’amener voir monseigneur l’archevêque. Bien sûr, l’archevêque est surpris de voir ce jeune homme brillant, l’avenir si prometteur, qui veut  tout abandonner pour devenir prêtre. Il va tenter de le dissuader en lui montrant qu’il y’a plusieurs façons de servir son peuple : «Vos parents n’ont-ils pas besoin de vous ? Pourquoi voulez-vous les décevoir ? Mandali a besoin de techniciens et vous êtes sur la voie de la technicité » (p21.)  Le jeune Ernest est déterminé.

Pour tester sa foi, l’archevêque envoie le jeune Ernest à la Mission de Ghobou. Le jeune homme rompt ses fiançailles avec Eléonore, lui écrit une lettre d’aurevoir et s’en va. Après un jour de marche, il arrive finalement à la mission où il rencontre un vieux missionnaire blanc qui l’accueille chaleureusement, lui propose un diner après ce long voyage : un bol de bouillie farde et sans sucre. Ernest ne perd pas l’envie. Voyant son engagement, le missionnaire décide de l’envoyer à Rome dans une école de théologie.

Un retour difficile au pays natal

Ernest Koffi Viwatonou revient à Mandali à la fin de ses études.  Dès son retour, il reçoit une lettre d’Eléonore aui lui annonce qu’elle a décidé de devenir religieuse. Ernest rejoint l’établissement Notre Dame du perpétuels-secours en tant qu’aumônier des collégiens, ignorant qu’Eléonore a rejoint ce même établissement. Lorsqu’elle revoit Ernest son ancien amant, la foi d’Eléonore faiblit.  Elle décide alors de quitter l’établissement, ce qui ne manque pas de choquer son amoureux secret.

Lorsque vient finalement le moment de l’ordination pour Ernest, quelque chose d’inhabituel arrive : le gouvernement s’oppose à cette ordination sous prétexte qu’Ernest est beaucoup trop jeune. Le missionnaire blanc s’entête et organise la cérémonie ; et c’est par une fusillade que les hommes   du gouvernement viendront interrompre l’ordination. En essayant de sauver le vieux missionnaire, Ernest sera tué le jour de son ordination par le gouvernement – qui décrètera pourtant une journée de deuil national.

Avec ce roman, Adovi John-Bosco Adotevi posait dès le début des années quatre-vingt, le problème de l’impact de la religion dans le développement de l’Afrique. En écrivant un roman dans lequel le jeune Ernest Koffi Viwatonou, espoir d’un peuple, arrête ses études, perd sa fiancée, et perd sa vie, le romancier initiait ainsi une réflexion sur un sujet devenu urgent dans l’Afrique actuelle. Un livre à relire donc !

 

                                                      Adovi John-Bosco, Sacrilège à Mandali, Clé, 1982.

Merveille Nguelefack

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