Sans filet ni parachute est un recueil de nouvelles de l’écrivain camerounais Njiké Nouemsi, publié dans la collections Sanaga des éditions Ifrikiya, au Cameroun. Immigration clandestine, tribalisme, injustices faites aux femmes, trafic d’organes humains etc., le livre soulève des thèmes très actuels.
- Par Nguelefack Merveille
Sans filet ni parachute s’ouvre par une nouvelle intitulée « A moins un » qui raconte l’histoire de Mboudjeka, jeune camerounais adepte de la rhétorique qui rêve d’aller en occident. C’est ainsi que après son Baccalauréat, il décide d’entamer une procédure d’immigration pour la France avec l’aide de ses parents. Au bout de la procédure, le visa français lui est refusé. Il fréquente alors d’autres ambassades occidentales en espérant qu’elles soient moins méchantes, la réponse est la même. Mais parce qu’il nourrit beaucoup d’espoir pour ce voyage, le jeune Mboudjeka va chercher et trouver des astuces pour « quitter la terre Africaine, la détestable émotion senghorienne, s’éloigner de ces enfers en migrant vers les jardins occidentaux, terres de salut. » Il décide de quitter le Cameroun clandestinement, commençant ainsi un voyage qui le changera radicalement.
Dans le second texte Les péchés des autres, Njiké parle du terrorisme. Il nous balade dans un univers où les gens vivent dans la peur quotidienne en attendant que leur dernière heure sonne. Tchuenté, qui vient d’une famille nantie et son ami qui n’a pas eu la même chance font partie de ceux qui vivent dans le traumatisme. Depuis que les terroristes ont envahi leur village, ils se retrouvent chaque soir sur la montagne pour suivre la musique de Corneille sur un MP3 et pour parler de la situation de leur pays. Un jour, Tchuenté annonce à son ami son projet de rejoindre les terroristes et de se donner la mort en kamicase.
Njiké Nouemsi use du Francamanglais pour écrire son quatrième texte, Les ways forts. Il fait une peinture de la vie misérable que vivent les jeunes dans son pays à cause du laxisme du pouvoir en place. Dans ce pays où « quelqu’un est quelqu’un derrière quelqu’un », certains jeunes garçons sont obligés de devenir des « Bangando » ou des « ndepso », pour trouver leur place. Les filles quant à elles deviennent des prostituées.
Mais les plus futés ont pris une nouvelle voix, celle de créer des églises parce que, lorsque la population est désespérée, elle pense que la solution se trouve dans les églises où des pasteurs véreux ne les épargnent pas ; d’ailleurs, même aux seins des églises, il faut être derrière quelqu’un : « Aujourd’hui, s’il y a même un petit réseau pour devenir servant de messe dans leur koma là je suis là que sauf. ».
Raconté à la camerounaise, les nouvelles de Sans filet ni parachute, ne parlent pas que du Cameroun. Elles sont le reflet des sociétés africaines nouvelles dans lesquelles jeunes et vieux sont engagés dans la même course, celle d’échapper à la souffrance qu’imposent les dirigeants à ceux qui les ont élus.
Njiké Nouemsi, sans filet ni parachute, Ifrikiya2016, 97pages