« Il a souffert, mais il est mort dignement ». C’est en ces termes que Clarence Delgado, l’Assistante d’Ousmane Sembène conclut l’itinéraire de celui qui, comme d’autres figures majeures de la culture africaine, s’est engagé dans les combats sociopolitiques et a fondé le cinéma africain. Sembène est peut-être le combattant le plus résistant des artistes autodidactes de sa génération. 

C’est à Ziguinchor en Casamance, dans le Sud du Sénégal, que Sembène Ousmane est né, le 1er janvier 1923. Elève particulièrement subversif, il sera rapidement exclu de l’école primaire où il refuse d’apprendre le corse. Sembène ira ensuite à Dakar et deviendra pêcheur, mécanicien, maçon avant d’entamer une carrière de militaire qui finira en Allemagne, à Baden-Baden.

Enrôlé dans l’armée française alors qu’il n’a que 19 ans, il devient « tirailleurs sénégalais » et est envoyé dans plusieurs pays de l’Afrique centrale et de l’Afrique du Nord. Démobilisé à Baden-Baden, Sembène intègre le parti communiste français (PCF) dans lequel il milite à partir de 1950.

Travaillant comme docker à Marseille, l’écrivain publie alors Le docker noir chez Debresse en 1956, l’année pendant laquelle Le pauvre Christ de Bomba de son compère Mongo Beti est interdit par l’administration coloniale, sous proposition de l’Eglise. C’est à ce moment que commence la carrière artistique de Sembène. Alors qu’il continue de militer dans le parti communiste, Sembène fréquente les salles de cinéma et découvre la littérature.

Le Sénégal devient indépendant en 1960 et Ousmane Sembène retourne au pays natal après avoir visité quelques pays de l’Afrique de l’Ouest rongés par l’analphabétisme et la pauvreté. Il repart pour Moscou en 1961 où il fait la seule formation de sa carrière d’écrivain et de cinéaste pendant 3 ans, en Cinématographie. Il achève cette formation en 1963. Revenu au pays, Sembène s’engage dans l’éducation en langues africaines. Comme Philombe avec le Cameroun Littéraire, Sembène fonde le journal en wolof : Kaddu. Nous sommes en 1971, et Ousmane Sembène vient de publier son 6ème ouvrage mais aussi, de produire Emitai, son 6ème film qui reçoit d’ailleurs le  « Prix de l’Ours d’or du Festival de Moscou » et le « Premier Prix Afro-Asiatique du film à Tachkent » !

 

Ces œuvres sont militantes. Elles s’opposent autant aux puissances coloniales qu’aux nouvelles fauves postcoloniales.  Elles disent le peuple d’en bas qui croupit sous les dictatures successives en Afrique. Comme Philombe l’autre autodidacte et Mongo Beti, Sembène a cassé sa plume et sa pipe en héros, après avoir été combattu pendant longtemps, dans son propre pays, par les autorités politiques et culturelles qui figuraient parmi les plus illustres de ces années-là, et qui interdisaient la diffusion et l’épanouissement de son travail.

 

Raoul Djimeli


Œuvres littéraires de Sembène

1956-  Le Docker noir. Paris: Nouvelles Éditions Debresse.

1957-  Ô pays. Mon beau peuple. Paris: Amiot-Dumont.

1960-  Les bouts de bois de Dieu. Banty Mam Yall. Paris: Le livre contemporain

1962 – Voltaïque. Paris. Présence Africaine.

1964-  L’Harmattan T.1 Paris: Présence Africaine.

1966-  Véhi-Ciosane ou Blanche-Genèse suivi du Mandat. Paris: Présence Africaine.

1973-   Xala. Paris: Présence Africaine.

1975 – Xala ou la vengeance des mendiants. Paris : Présence Africaine.

1981- Le dernier de l’empire : Paris : L’ Harmattan.

1983 –  Le dernier de l’empire T.2, Paris : l’Harmattan.

1987-   Niiwam suivi de Taaw. Paris: Présence Africaine.

1990 –   Guelwar. Paris:Présence Africaine.

 

Films de Sembène

1963- Borrom Sarret

1965- Niayes adaptation de Vehí Ciosane

1966 – La Noire de…Adaptation d’une nouvelle publiée dans « Voltaïque »

1968- Le mandat (version française) Manda-bi (Version wolof)

1970 – Taw Prix du Lion d’Or à Asmara (Éthiopie)

1971- Emitai Prix de l’Ours d’or du Festival de Moscou (Russie) et

Premier Prix Afro-Asiatique du film à Tachkent, en 1972

1974- Xala Prix Spécial Karlovy-Vary (République Tchèque)

Médaille d’argent au Festival du film « Figueria « du Portugal

1977- Ceddo, Special Award de Los Angeles

1990- Camp de Thiaroye .Grand prix du jury à Venise en 19

Prix UNICEF, Prix de la Jeunesse et du Cinéma Prix d’orCiak

1992- Guelwar

2004– Moolaade, Prix Un certain Regard à Cannes ….

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *