Depuis 2010, Assana Brahim creuse les chemins de la littérature camerounaise, comme poète, mais aussi, depuis quelques années, comme enseignant d’université, représentant dans l’Adamaoua de diverses associations littéraires. Adoubé dans la grande famille de la Ronde des poètes du Cameroun au moment de ses heures chaudes, Assana Brahim a d’abord écrit la poésie. Son premier livre, L’éclipse du désespoir l’annonçait comme un poète prometteur. Il a tenu promesse. En 2016, Assana Brahim publie un deuxième livre de poèmes-chants et de maximes, remarqué par la critique, Amour de la Sagesse et Sagesse de l’Amour. Son actualité affiche Les blancs arrivent, récit griotique habité par le conte, le chant et la poésie, mais aussi Silence ! Le diable passe, un roman magnifique qui confirme la fibre des dieux qui l’habite depuis 2012, année de publication de ses premiers écrits.
Raoul Djimeli : Que gardez-vous comme souvenir de cette association qui a rougi vos premiers chants et que vous représentez maintenant dans l’Adamaoua ?
Assana Brahim : Un agréable souvenir! C’est l’association dont le président est JC Awono, et qui insouffa une grande inspiration littéraire et artistique surtout auprès des jeunes.
R.D. : Vous avez publié les poèmes, les poèmes-chants, les maximes, un récit griotique et un roman aux envolées poétiques et contées. Quel est le genre qui vous convient le mieux ?
A.B. : Je n’ai pas un genre littéraire que je chéris au dessus des autres. Il se peut juste que j’écris beaucoup plus des poèmes. En tout cas les genres sont complémentaires dans la littérature africaine.
R.D. : Assana Brahim, Les blancs arrivent. Qu’est-ce qu’un récit griotique ?
A.B. : Un récit griotique est une expression forgée par moi-même, pour désigner un roman aux traits historiques ou épiques raconté du point de vue africain aussi bien sur le plan thématique qu’esthétique.
R.D. : Comment avez-vous rassemblé le matériau d’écriture de Les blancs arrivent, un roman du sur Rabah, l’Histoire et les hommes du sahel au début des années 1900.
A.B. : Pour écrire Les blancs arrivent j’ai privilégié les sources orales obtenues auprès des griots et des patriarches, bien que des ouvrages publiés sur la question m’ aient été d’un grand apport.
R.D. : Ce livre, Les blancs arrivent, est paru chez Proximité, contrairement à l’ensemble de votre œuvre fictionnelle qui était toujours parue chez Ifrikiya, et qui vient d’ailleurs de s’enrichir d’un roman. Qu’est-ce qui justifie cet aller et ce retour à Ifrikiya ?
A.B. : De la maison Ifrikiya à la maison Proximité, j’ai essayé de varier d’éditeur afin de diversifier mes expériences de publication et de donner aux maisons éditoriales l’opportunité de m’accompagner dans ma carrière littéraire.
R.D. : Tous vos livres sont parus à Yaoundé. Comment publie-on autant de livres dans un pays habité par si peu de lecteurs, comme s’alarment les acteurs du livre ?
A.B. : Il est vrai que la consommation des livres notamment littéraires est assez faible (et c’est dommage). Cette réalité est triste et parfois déroutante mais elle ne tue pas la production et la distribution des publications au Cameroun.
R.D. : Vous êtes délégué régional de l’APEC dans l’Adamaoua, Représentant de la Ronde des poètes du Cameroun dans la même région. En quoi consiste votre mission pour ces deux responsabilités ?
A.B. : En effet je suis le représentant dans l’Adamaoua de l’Association des poètes et des écrivains du Cameroun et la Ronde des poètes.
Ma mission principale consiste à susciter, encadrer, faire publier et promouvoir les manuscrits des auteurs de l’Adamaoua.
R.D. : Sur quel rêve ultime repose l’écriture d’Assana Brahim ?
A.B. : Mon engagement littéraire vise à éveiller la conscience nationale et internationale sur certaines questions existentielles. Cette ambition s’étend sur la rénovation de l’esthétique littéraire et l’animation culturelle.