Malkat Al-dar est née vers 1920 à El-Obaid, la capitale de l’État du Kordofan du Nord et décédée le 17 novembre 1969. Cinq décennies après sa mort, la critique littéraire la présente comme une écrivaine pionnière dont les œuvres commencent à entrer dans la conscience collective des Soudanais.

Malkat Al-dar fait partie de la première génération de l’intelligentsia soudanaise. Dans leur Panorama de la littérature soudanaise contemporaine, Luffin et Xavier la présentent comme le « premier grand nom féminin de la littérature soudanaise, qui se penche sur les difficultés de la femme dans la société de son pays ». Féministe de la première heure et révolutionnaire en avance sur son époque, elle a laissé des traces indélébiles dans l’histoire littéraire africaine, son œuvre riche mérite encore d’être relue.

L’aube de la vingtaine sonnée, elle publia La folle, un récit autobiographique où elle présente un personnage féminin, révolutionnaire, atypique et marginal incompris par sa société. Ce personnage vit dans un environnement où les traditions et la religion pèsent de tout leur poids. En 1947, elle publia la nouvelle « Hakim al-Qariya » ou « Le sage du village », qui met en scène les comportements déviants de personnages masculins. La mort l’arrache en 1969, au moment où, dans le reste du monde, les voix des femmes se font de plus en plus entendre : Malkat Al-dar a alors 49 ans. La même année, le public découvre son   chef-d’œuvre paru à titre posthume : Le grand vide.

Dans l’ensemble de sa production littéraire, elle s’est démarquée par ses thématiques en faveur des femmes : ses personnages qui sont autant marginaux qu’ambitieux, remettent en cause les réalités socioculturelles du Soudan post-colonial ; mais ses œuvres sont aussi l’expression d’un lyrisme des campagnes soudanaises.

Autodidacte particulièrement inspirée, Malkat Al-Dar Mohamed Abdullah écrivait en anglais et en arabe. Elle fut aussi enseignante dans plusieurs villes du Soudan et première présidente de l’Union des femmes soudanaises. Malkat Al-Dar est une écrivaine qui, avec le temps, a traversé la censure pour entrer définitivement dans l’histoire littéraire qu’elle a contribué efficacement à bâtir.


Cheik Souleyman, poète

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